L’enquête publiée ce mardi 20 septembre par la Fage met en lumière les conditions de travail difficiles des doctorants.
Les doctorants sont de moins en moins nombreux en France. Leur population est passée de plus de 81.000 (2009-2010) à 70.000 pour l’année universitaire 2020-2021. Soit une baisse de 13%. Manque d’attractivité et de financement, problème de mobilité, précarité… Autant de facteurs qui peuvent expliquer le désamour des étudiants pour la recherche, alors même que leur ministre, Sylvie Retailleau, ambitionne de placer la recherche au cœur de l’enseignement supérieur.
«Malheureusement nous nous attendions à ces résultats , regrette Fanny Sarkissian, vice-présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), en charge du 3e cycle et de la recherche. Il y a une dissonance entre l’excellence de la recherche affichée et la réalité dans certaines universités.» C’est pour faire la lumière sur ce phénomène que le premier syndicat étudiant publie ce mardi 20 septembre une enquête chiffrée. Menée de mai à août 2022, elle compile les réponses d’environ 2000 doctorants venant de toutes les écoles doctorales de France.
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Le manque de financement est «la plus grande urgence»
«La plus grande urgence», selon l’enquête, est le financement de la recherche. Environ 74% des doctorants bénéficient d’un financement pour leur thèse. Et, selon la Fage, 28% ont eu du mal à l’obtenir. La mise en concurrence des candidats, est pointée en partie comme responsable. Ce manque de financement se répercute sur la vie et la recherche des doctorants. Selon l’étude, 26% ont un financement qui ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins et plus d’un doctorant sur cinq travaille à côté de sa thèse. Enfin, si une heure de TD est payée 41,41€ de l’heure, le référentiel national d’équivalences horaires de 2009 précise «qu’une heure de travaux dirigés correspond à 4,2 heures de travail effectif». Cela revient à payer les doctorants 9,80€ brut de l’heure, explique l’étude. Moins que le Smic horaire brut (11,07€).
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La rare prolongation des contrats est aussi dénoncée. En 2018, quatre thèses sur dix ont été soutenues dans les trois ans impartis. Ce qui laisse des doctorants sans ressource pour continuer leurs travaux et subvenir à leurs besoins. Car faire de la recherche engendre des coûts divers: 67% des doctorants se voient fournir un ordinateur et les frais de déplacement sont pris en charge pour 62% d’entre eux. «Je n’ai jamais fait d’études de terrain à cause du coût exorbitant des déplacements», assure un étudiant. Ce problème se répercute sur la mobilité internationale: seuls 23% des doctorants ont fait ou comptent faire une mobilité. À l’inverse, si la France compte chaque année 40% doctoraux étrangers, trois sur dix n’ont pas de titre de séjour.
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Des conditions de vie «inacceptables»
L’encadrement des doctorants est un autre point faible. «Les directeurs de thèses encadrent entre 3 et 4 doctorants en moyenne. Ce chiffre peut varier de 1 à 20», explique l’enquête. Et de demander un taux d’encadrement de 5 doctorants maximum par enseignant-chercheur.
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