Publié en mars 2025, ce rapport de la Cour des comptes propose une analyse approfondie de la politique d’accueil des étudiants étrangers en France. Face à une concurrence mondiale accrue et à des mutations rapides dans la mobilité étudiante, le document dresse un état des lieux précis des forces et faiblesses du système français. Voici les points clés à retenir.
Une mobilité étudiante en pleine expansion
Le rapport souligne la croissance spectaculaire de la mobilité internationale des étudiants. Alors que le nombre d’étudiants en mobilité a explosé – passant de quelques centaines de milliers en 1975 à plus de 6,4 millions en 2021 – la France, autrefois en tête des pays d’accueil, voit son rang décliner face à des concurrents tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, et l’Allemagne. La diversité des origines reste marquée, avec une prédominance d’étudiants francophones venus du Maghreb et d’Afrique, mais une augmentation notable des effectifs en provenance d’Asie et d’autres régions.
Des défis administratifs et de coordination
Le rapport met en exergue plusieurs obstacles qui freinent l’attractivité française :
- Complexité des procédures administratives : Le parcours, de la candidature à l’installation en France, est ralenti par des délais d’admission tardifs, des procédures de visa et de renouvellement des titres de séjour lourdes et une coordination insuffisante entre les multiples acteurs (ministères, universités, services de l’immigration).
- Difficultés de mesure : L’harmonisation des statistiques sur les étudiants internationaux demeure problématique. La stricte application de la définition de l’UNESCO conduit à des chiffres souvent moins favorables que dans d’autres pays adoptant des méthodes de comptabilisation différentes.
La stratégie « Bienvenue en France » : une approche ambitieuse mais incomplète
Face à ces défis, la stratégie « Bienvenue en France » avait pour objectif de coordonner les actions des différents ministères et établissements pour améliorer l’accueil des étudiants étrangers. Si cette initiative a permis d’amorcer certaines améliorations, le rapport note :
- Des objectifs quantitatifs sans déclinaison qualitative : L’objectif affiché d’accueillir 500 000 étudiants étrangers ne s’accompagne pas de priorités claires sur les formations, les régions ou les compétences ciblées.
- Un manque de coordination interministérielle : Les actions des ministères (Éducation, Intérieur, Économie, etc.) restent peu synchronisées, ce qui limite l’impact global des réformes.
- Les effets de la crise sanitaire : La pandémie a exacerbé les difficultés administratives et mis en lumière la nécessité de moderniser les outils de gestion des candidatures et des titres de séjour.
Recommandations pour un redressement stratégique
Le rapport formule neuf recommandations destinées à renforcer l’attractivité de l’enseignement supérieur français :
- Une stratégie globale sous l’autorité du Premier ministre : Impliquer l’ensemble des ministères concernés pour une vision partagée.
- Révision périodique des formations à fort taux d’étudiants internationaux : Assurer la qualité et l’adéquation avec les besoins du marché.
- Extension de la plateforme « Études en France » : Augmenter le nombre d’établissements référencés et améliorer la transparence des informations.
- Adaptation des droits d’inscription différenciés : Réserver ces mesures aux publics prioritaires pour encourager la diversité.
- Mesure précise de l’impact économique et social : Mieux quantifier les retombées de la mobilité étudiante sur l’emploi, la recherche et l’économie.
- Révision du seuil de ressources exigé pour l’obtention des visas : Rendre l’accès aux visas plus équitable et attractif.
- Modernisation de la plateforme numérique : Assurer un suivi en temps réel et une gestion optimisée des candidatures.
- Augmentation de l’offre de bourses : Renforcer le soutien financier pour les étudiants étrangers, tant par les établissements que par le gouvernement.
- Harmonisation de la politique des visas : Faciliter l’accès à une carte de séjour pluriannuelle dès la première admission pour les catégories prioritaires.
Conclusion
Le rapport de la Cour des comptes dresse un panorama contrasté de l’attractivité de l’enseignement supérieur français. Alors que la France bénéficie d’un rayonnement culturel et d’une tradition d’excellence académique, les défis administratifs et la coordination fragmentée freinent sa capacité à concurrencer efficacement sur la scène internationale. Pour redynamiser son attractivité, il apparaît essentiel de moderniser les procédures, de clarifier les objectifs et de renforcer la collaboration entre les acteurs publics. Ces mesures pourraient permettre à la France de reconquérir sa place parmi les destinations d’études les plus prisées au monde.